Des mots pour des maux

Mist trees – CC0 – uncredited author (PxHere)

Pour des raisons de vie privée de mes collaborateurs/trices, je ne nomme personne ici volontairement. Quand on relira ce texte dans quelques temps, quelques années, ce sera bien mieux.

Nous arrivons à la mi-avril 2024 et j’espère sincèrement que nous sommes sortis d’une situation où les impacts des vies personnelles au sein de l’équipe ont explosé toute l’organisation de mon entreprise, IdéesCulture.

Début mars, ma mère s’est faite très violemment mordre la main gauche par un chien dans le village, au retour de son footing. Toujours très active à 77 ans, c’est au retour de son footing que le chien de ses voisins, pas enfermé ni encore moins tenu en laisse, alors que leur portail était grand ouvert, a traversé la route et s’est jeté en courant sur ma mère, dont le réflexe a été de porter le bras gauche entre elle et le chien (le réflexe du bouclier).

Au final ? Plus de 15 points de suture, des deux côtés de la main, des propriétaires suffisamment inconscients pour considérer que montrer le chien au vétérinaire suffira à éviter les accidents à l’avenir. Un cane corso qui passe son temps à hurler quand ses propriétaires ne sont pas là, et dont le dressage a dû consister à un transport en voiture depuis la chienne qui l’avait mise bas jusqu’au domicile… Chien stupide, maîtres…

Le chirurgien a dû rechercher le tendon de l’auriculaire pour le reconnecter ; côté squelette, pour l’os crochu qui dans la main soutient les deux métatarses il y a des pertes de matières sur 2 cm (tiens l’os fait justement 2 cm), il manque aussi de la matière sur le dernier métacarpe du petit doigt, et des éclats d’os en nombre malgré l’opération.

J’ai cassé une semaine de déplacements pour aller voir ma mère, et l’accompagner dans ses démarches (infirmier pour le pansement à refaire tous les 2 jours, orthèse à faire sur mesure, etc.). Je suis reparti de chez elle un peu rassuré, mais toujours à gérer les questions d’assurance.

2 jours après mon retour à l’agence, un collaborateur est mis en arrêt maladie : burn out, et besoin d’un suivi psy. Au final, ce n’est pas directement lié à la boîte, le couple explose malgré les enfants en bas âge. Bref, un collaborateur qui risque d’exploser à tout moment, même après son retour au bout de 2 semaines et que je ne peux plus mettre tout de suite en face des clients.

En plus de ma semaine de retard prise partout, je gère mes retards de la semaine d’avant, j’essaie d’assumer au mieux les engagements que j’avais sur ma semaine de retour, et j’ajoute le traitement au mieux des engagements de mon collaborateur. Niveau boulot, l’enfer sur terre.

J’arrive doucement à récupérer de mon retard, mais je suis exténué, alors qu’arrive le week-end de Pâques. Bonne nouvelle, juste ensuite, début avril, on enchaîne sur un salon des professionnels de musée. 2 jours au Carrousel du Louvre. C’est agréable de se sentir reconnu pour ses compétences, mais lourd d’organisation. La fatigue se fait toujours ressentir.

A Paris, je reçois la situation comptable pour 2023, erreur d’aiguillage de certaines écritures dans les prévisionnels, argh, on ne tombe pas dans les clous. Au delà de l’erreur humaine liée à la comptabilisation des abonnements qui débordent d’une année sur l’autre, en étant à cheval, et donc à répartir au prorata sur les exercices concernés, on constate que les chiffres sont moins bons.

Rebelote sur un week-end, celui du 6-7 avril, où je n’arrive pas à grand chose, mais je passe quand même une douzaine d’heures sur l’extraction des chiffres de notre logiciel de gestion. Pas remonté niveau fatigue physique.

Lundi 8, j’apprends qu’un autre collaborateur a un problème de santé grave, le message est inquiétant. J’ai toujours la fatigue et le problème de compta en tête. Mardi 9, c’est pire que tout. Le collaborateur est dans un état qui ne permet de traitement médical direct, le pronostic est la pire issue qui soit, à une échéance… Mon Dieu… Trop trop courte.

J’essaie de lui répondre, de trouver un peu les mots. Physiquement, j’étais fatigué, éprouvé ; psychologiquement je suis maintenant effondré.

J’ai maintenu et assuré un déplacement à Lyon le 11 avril. J’ai pu travailler au maximum, mais je reconnais avoir craqué nerveusement, le soir du 11, seul à Paris : dans cette spirale de malchance, impossible de trouver une place sur Lyon-Le Mans et rentrer sans escale retour à Paris.

J’écris cette entrée de blog, qui fait encore plus penser à un extrait de journal, le 14 avril. J’ai pu me changer fortement les idées ces deux derniers jours.

Je suis combatif et volontaire. Toujours.

Mais honnêtement, quand la vie prend ta tête pour un punching ball, il est dur de prendre le temps de recevoir les quelques éclaircies à travers les nuages. Il y en a quelques-unes, un espoir de faire quelque chose avec la basilique Notre-Dame de Brebières à Albert (80), une sensation d’avancement sur les projets avec la ville de Lyon, un écoute attentive de l’expert-comptable, des compliments reçus sur les enfants, des témoignages de soutien et de compréhension de partout. La semaine prochaine, il y aura aussi des bonnes nouvelles. Dans 10 jours il y aura des vacances, autour de Carcassonne.

J’ai l’impression en écrivant ces quelques mots d’être par trop égoïste, c’est surement en grande partie vraie mais aussi assez ambivalent : je veux garder cette pudeur pour les situations personnelles des gens qui constituent cette “famille professionnelle” que je me suis constitué.

Des rapports professionnels ont changé, j’ai adapté mon organisation. L’infirmière du centre hospitalier où je suis soigné pour ma spondylarthrite, m’a qualifié plusieurs fois de “résilient”. Je préfèrerais vraiment ne pas avoir besoin de l’être.

Les semaines à venir me diront si ma petite équipe l’est aussi.

Pour tous ceux dont j’ai parlé, ils ne quittent pas mes pensées. A vous qui lirez ces lignes, à moi-même et ma petite équipe, “Godspeed”