Inauguration de la place Pierre-Michelin à Folleville
La place Pierre Michelin à Folleville a été inaugurée le 1er septembre 2023. Voici le petit texte que j’ai lu à cette occasion.
Chers tous,
Mon père, ma mère – et avec moi dans leurs bagages – sont arrivés ici à Folleville, en 1978. Il y a 45 ans.
Papa arrivait en tant que chargé de mission de l’ADCP, association pour le Développement de la Culture en Picardie. « Fan » de ce village, mais aussi de cette maison où absolument tout était à refaire. Il a fait visiter cette maison, revisiter, re- (... je coupe un peu) ... revisiter à ma mère avant d’acheter.
Ce projet de vie familiale, à 3, puis 4, puis 5, c’est celui qui a permis à mon père de s’investir dans ce village.
Il s’y est enraciné peu à peu.
Dans les années 1980, il fonde une association familiale, affiliée à Familles Rurales, qui permettra d’accueillir des Centres de Loisirs ou d’organiser des manifestations locales dans les environs.
Il fait partie du conseil municipal à Folleville en 1983. En même temps l’association qu’il dirigeait, l’ADCP a grossi et est devenu l’Office Culturel Régional de Picardie à la faveur des Contrats de plan État-Région dans les années 80.
L’OCRP c’était le Festival des Cathédrales, des spectacles, du matériel de scène, des actions autour du « picard »...
Il devient maire en 1989.
Même à cette époque-là, il y a 35 ans, mon père se sentait encore à Folleville « pièce rapportée » : l’accueil par les locaux avait été rude, certains anciens (certaines anciennes) disaient que ça viendrait avec le temps... Depuis l’enracinement s’est fait, et aujourd’hui ma mère me fait penser aux anciennes follevilloises.
En 1990, les 3 Pierre (Pierre Normand, Pierre Classen et Pierre Michelin) avaient réussi à obtenir le rachat du site du château par le SIVOM d’Ailly-sur-Noye.
Au milieu des années 1990 dans la suite de l’association familiale que j’ai mentionnée, il prend la présidence de l’Union Départementale des Associations Familiales (UDAF) et il est présent régulièrement à l’échelle nationale, dans des réunions de l’UNAF à Paris. Pour préciser simplement, l’UDAF est financé par l’Etat et les Caisses d’Allocations Familiales, et intervient notamment pour les tutelles sur les mineurs.
Engagé aussi dans la protection de l’enfance, il a également présidé l’Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence (ADSEA) qui gère par exemple un IME, une maison d’enfants, etc...
Son amour de l’histoire, son attrait pour les belles choses et l’art religieux nous en aura fait faire des kilomètres... Plus « montagne » que « mer », il avait grandi dans le Jura, et pourtant il était né bien loin de là au fin fond de l’Indre-et-Loire. Plutôt montagne donc, mais toujours avec le patrimoine au centre des vacances familiales.
François, mon frère décédé, disait après un retour d’Italie « on bronze pas beaucoup à l’ombre des vitraux »...
Juste de l'autre côté de la place, il y a cette église, qu’il a tant arpentée avec des touristes pour leur faire découvrir. Cette église aura chevillé toutes ses recherches : de nombreux passages aux archives, de nombreux bristols, qui ont servi pour son livre sur Folleville. – S’il y en a que ça intéresse, on va essayer de refaire un tirage en 2024.
C’est aussi par les archives départementales qu’il est arrivé dans la région : Jean Estienne, directeur des archives de la Somme, l’avait recruté.
Avec l’art et l’histoire, et en lien avec son ami François Vasselle, architecte et archéologue, il est aussi un temps président du CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement).
Cette passion pour l’art et l’histoire l’amène à fréquenter l’Association des Antiquaires de Picardie : c’est une société savante qui est à l’origine du Musée de Picardie, et qui y a sa magnifique bibliothèque. Comme toujours, cette passion aura aussi un peu envahi la maison familiale. Maman se rappelle des mètres cubes de cartons d’archives qui y ont transité un certain temps.
Des Antiquaires de Picardie, il est aussi président jusque 2011. La revue des Antiquaires de Picardie a pu publier certains de ses travaux et articles ; d’autres ont été publiés par le Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS), dans des congrès où il amena ma mère, y compris jusqu’au Canada. Il a aussi partagé cette passion pour l’histoire en donnant des cours à Amiens au sein de l’Université Tous Âge.
Je pense vous avoir parlé de la plupart de ses visages publics (aux nombreux pluriels), une bonne part d’entre vous je pense l’ont connu en tant que maire ou ancien maire.
Quand on pense à Folleville, on pense souvent Eglise et Château. Pour le château, il avait tout fait pour que le site des ruines du château devienne publics,
sécurisé et accueillant pour les visiteurs. Grâce aux médiévales et aux bénévoles, cette dimension est augmentée par cette capacité d’animation... c’est vraiment beau et vivant.
Dans un texte qu’on a distribué à ses funérailles, il appelait à la collecte de dons pour un petit bout de vitrail, avec des flammes.
Avec mon frère Etienne, qui n’a pu être avec nous aujourd’hui, on s’était dit qu’on ferait au mieux. Au final, on a peu fait. Tout s’est fait ici, grâce à l’association “Folleville, une église, une histoire”, ses recherches de mécénat ; la mairie et la municipalité, avec un soutien exceptionnel dans ce projet qui paraissait pour le moins irréalisable au début. C’était fou.
Avant de laisser le mot de la fin à mon père (je vais vous passer un petit enregistrement de 1’30 où il parle de l’église à la Révolution), grand merci à l’adressage obligatoire pour la fibre optique, ce qui a donné un joli prétexte pour nommer un coin de Folleville, au hasard – tiens donc – la mairie, le château et l’église...
Ce village, passé de 56 habitants il y a 45 ans à vous tous aujourd’hui, a énormément changé. Merci à tous.