Annus horribilis...
Photo Lyn Davis, “Werd het enn annus horribilis”, 2007 – CC-BY
En 1992, Elizabeth 2 n’avait pas aimé l’année. Bon, 2024 est définitivement pourrie.
Le 14 avril dernier je prenais la plume numérique dans un article “Des mots pour des maux” [ici]
L’année ne s’est pas améliorée depuis dans ma petite entreprise, IdéesCulture SAS, spécialisée dans le logiciel pour la gestion des collections de musée. (On développe, forme et déploie autour du logiciel libre CollectiveAccess.)
En mai et juin, on a relevé les manches et avancé d’arrache-pied.
A bout d’énergie, un des projets qui nécessitait de nombreux allers-retours sur Lyon n’avance pas. J’y aurais mis tout ce que je pouvais.
En juillet, la mairie se décide enfin à mettre un système de chauffage dans les locaux : la chaudière était morte depuis 2 ans (à peu près l’arrivée dans les locaux). J’avais demandé une seule chose : que l’équipe municipale n’intervienne pas sur le démontage de la chaudière et des radiateurs. Honnêtement, il n’y a que deux conclusions aux tâches noires laissées sur le sol dans deux des pièces, et donc à regarder les planchers ruinés par les techniciens municipaux : mon associé dans la prise des locaux s’est foutu de moi ; ou alors l’équipe municipale s’est foutue de lui. Malheureusement, j’ai entendu par écho qu’ “il fallait que je me calme face à la mairie”. Je n’ai pas aimé la conclusion que j’en ai tirée.
En janvier, notre commune, Saint-Gervais, fusionne avec la commune voisine, Laigné, dans une commune nouvelle Laigné-Saint-Gervais. Je vois cela comme une délivrance, aussi bien comme locataire que comme habitant.
En août, Hugo, évoqué dans l’article cité plus haut, impacté par un cancer en avril, est décédé en début de mois. Le peu d’énergie récupéré en juillet s’est évaporé. J’ai essayé de faire face, d’être un peu présent pour la famille, rassembler des fonds entre les différentes boîtes ayant accueilli Hugo dans sa reconversion dans l’informatique (il avait été prof de philo dans une vie pro. précédente). Une plaque, une couronne de fleurs “ses collègues, ses camarades”, grâce à une cagnotte leetchi que j’ai montée et partagée. J’étais parmi les trois patrons dans l’informatique l’ayant recruté, tous présents aux funérailles.
Le mois d’août était plein de frustration : je n’arrivais pas à faire que les montants prévus par le contrat de prévoyance de la boîte soient débloqués pour la famille. Cette frustration, cette énergie dépensée pour essayer de faire avancer l’administratif, ont été dures à vivre.
Fin août, j’ai appris la démission d’une développeuse/chef de projet de mon équipe, qui couvait visiblement depuis le début de l’été. Basée à distance, je savais qu’on ne la garderait pas éternellement, mais c’est encore vampirisant : il faut se remettre en selle, recruter, revoir les CV. Aura-t-on besoin de refaire une campagne de recrutement forte en ligne ? Coup de pot, dans les dernières candidatures spontanées reçues, un profil semble faire l’affaire. On verra avec le recul d’ici quelques mois.
En septembre, le corps a dit stop : à la limite du craquage, j’ai le corps qui explose de douleurs rhumato. Pas de sensation d’aiguille à tricoter dans le corps, comme cela avait pu être mon ressenti sur certains débuts de crise, mais un moment où la douleur devient une espèce de boule informe mal localisée dans le corps. Complètement à plat, le docteur me met à la maison pour une semaine. Avec quelques moments de faiblesse en fin de semaine précédente, c’est près de 10 jours où j’ai été soit off, soit pas loin.
La fin d’année approche, souhaitons que 2025 soit plus apaisée. Je prévois des changements d’organisation dans la boîte, pour devenir plus résilient encore : ici on a trop creusé les réserves.
Côté santé, je prends le clavier au sortir d’une première séance de cryothérapie. Par cure de séances à -110° C, j’espère pouvoir limiter les antidouleurs dans un futur proche. Côté entreprise, j’entame un travail avec Vincent Rostaing, consultant, pour imaginer/structurer le futur d’idéesculture. Ce manque d’énergie criant m’empêchait de prendre le recul nécessaire sur ma société.
Je veux faire feu de tout bois pour mieux penser le futur : quid des locaux et de l’attractivité pour recruter des alternants et constituer la future équipe ; quel casting, quelle mission on garde, quelle mission on externalise, comment renforcer encore nos pratiques, nos procédures pour gagner du temps sur les déploiements…
Il me tarde que le calendrier bascule sur 2025 : même si ce n’est probablement pas le coup de torchon magique qui règlera tout, la dimension symbolique sera forte. Pendant 20 ans de vie professionnelle soit en étant à la direction, soit pour une légère partie en étant associé à 33%, je n’avais jamais vécu une telle année. Même le COVID a été plus facile à vivre que cette année 2024.
Annus horribilis…